RoadCross Suisse – «Pour nous, il n’y a pas d’accident bénin»

Regina Berger* est assise sur la place du passager avant dans la voiture de son amie, et sa fille à l’arrière. Elle se souvient encore du bruit retentissant. Et comment le véhicule s’arrêta ensuite. Un carambolage sans blessures graves: elle et sa fille ne doivent passer qu’une nuit en observation à l’hôpital. Diagnostic: coup du lapin. Toutes les deux peuvent retourner chez elles le jour suivant.

On a eu de la chance, pense Regina Berger, ce n’est finalement pas si grave. Toutefois, cet incident laisse des traces. Les douleurs de la mère perdurent et la fille ne parvient plus à faire des nuits complètes et devient peureuse. C’est éprouvant. Et la police qui passe à présent pour un interrogatoire. Madame Berger n’est soudainement plus sûre d’avoir tout fait comme il faut et recherche de l’aide. Elle appelle la HelpLine de RoadCross Suisse. À sa sortie de l’hôpital, le service social lui a remis le dépliant de la fondation. Regina Berger a encore du mal à parler de cet événement et la conseillère prend vite conscience que le choc est plus profond qu’il n’y paraît. Une fois de plus. En effet, les séquelles à long terme sont souvent sous-estimées et les personnes concernées restent souvent seules face à leurs soucis.

Il faut compter en moyenne bien 170 jours avant que les personnes en difficulté suite à un accident contactent RoadCross Suisse. Car en particulier pour les blessures apparemment légères, les conséquences d’un accident ne se manifestent souvent pas immédiatement. Les douleurs deviennent alors chroniques. La charge mentale est également souvent sous-estimée. Si on ajoute à cela les procédures légales et administratives, l’accident se transforme rapidement en une crise existentielle.

RoadCross Suisse recommande à Regina Berger de refaire examiner avec précision la cause des douleurs, car un coup du lapin est à prendre au sérieux. De plus, RoadCross Suisse clarifie la prise en charge des coûts et s’occupe de l’assurance indemnités journalières d’accident au cas où Madame Berger est en incapacité de travail. RoadCross Suisse peut également apporter son aide dans les questions d’ordre juridique et médical en faisant appel à des avocats, des avocates et des médecins de confiance. Et en cas de besoin, RoadCross Suisse apporte également une aide à domicile et la garde d’enfants.

Il se passe presque un an avant que Regina Berger soit complètement rétablie, qu’elle soit apte à travailler et qu’elle retrouve son autonomie. Ce n’est alors que l’accompagnement sera considéré comme achevé et que RoadCross Suisse ne se manifestera plus activement. Mais si Madame Berger en éprouve le besoin, RoadCross Suisse se tient à tout moment à sa disposition.

* Nom modifié

Recherchez de l’aide

Questions à Mike Egle, Communication RoadCross Suisse, sur les conseils gratuits pour les victimes d’accidents :

RoadCross Suisse soutient les personnes impliquées dans un accident de la circulation. Dans quelle mesure le cas de Regina Berger est-il typique dans votre travail?

Le fait caractéristique est que les conséquences d’accidents ayant entraîné des blessures apparemment bénignes sont souvent sous-estimées. On pense que cela aurait pu être plus grave, on ne souhaite être une charge pour personne et on désire reprendre le travail le plus rapidement possible. Cette réaction est encore renforcée par des peurs existentielles et la crainte de perdre son emploi. De plus, beaucoup de gens se prévalent de pouvoir tout régler seul et attendent trop longtemps avant de chercher de l’aide.

Que conseillez-vous aux personnes concernées après un accident de la circulation?

L’important est de s’informer le plus rapidement et exhaustivement possible. Les personnes concernées ne connaissent pas toujours les prestations auxquelles elles ont droit et quelles offres de soutien existent. Il est souvent possible de trouver des solutions qui aident les personnes concernées et qui leur enlèvent beaucoup de pression et de peur de l’avenir. Lorsqu’on nous contacte, nous aidons volontiers les personnes à trouver ces solutions.

RoadCross Suisse soutient les personnes accidentées. À quoi ressemble ce soutien?

D’une part, beaucoup de questions administratives se posent après un accident et elles doivent être clarifiées. Il est important de ne pas manquer les échéances. C’est ce que nous garantissons en réalisant une analyse de la situation et en collaborant étroitement avec nos avocats et avocates de confiance dans les questions d’ordre juridique. Nous pouvons ainsi contribuer à la bonne marche des procédures administratives et juridiques et faire en sorte que les personnes concernées obtiennent le soutien dont elles ont besoin. Le soutien psychologique quant à lui peut s’avérer plus difficile.

Dans quelle mesure plus difficile?

Les personnes touchées doivent apprendre à gérer leurs propres blessures. On ressent souvent la douleur et la souffrance dues au fait qu’une vie n’est plus celle d’avant l’accident. Il y a également souvent de la rage vis-à-vis de l’événement vécu et de la peur de l’avenir, ce qui est tout à fait compréhensible. Le véritable défi est de montrer qu’il est impossible de revenir en arrière, mais que la vie peut continuer certes différemment mais apporter quand même de la joie. Mais c’est justement cela que j’aime dans notre travail.

Selon votre longue expérience: quels sont les facteurs importants pour que les personnes accidentées puissent intérioriser et accepter plus facilement les événements?

La question du pourquoi se pose souvent. On le constate clairement: plus un comportement a été négligent, plus les personnes concernées ont du mal à accepter la situation. L’acceptation est un processus très individuel. Dans certains cas, le sentiment du châtiment juste est porteur de satisfaction; alors que d’autres trouvent un soulagement à leurs douleurs dans les échanges personnels. Lorsque l’erreur est compréhensible pour les personnes touchées, il se peut même qu’elles ressentent une sorte de «pitié» envers la personne responsable et qu’elles trouvent le pardon. Mais il n’y a rien de mal à ne pas vouloir rencontrer le fautif après un accident. Chacun doit trouver son propre chemin. Et nous offrons également du soutien dans ce domaine.

Quelle est la question la plus fréquente que l’on vous pose ainsi qu’aux spécialistes de la HelpLine?

C’est la question concernant la plainte. Lorsqu’on est victime d’un accident de la circulation, la police demande si l’on souhaite porter plainte. Rien que le terme juridique est déstabilisant et beaucoup de gens n’ont pas vraiment conscience de ce que cela implique. La plainte a toutefois pour conséquence que la police et le ministère public doivent consigner avec précision les circonstances de l’accident et préserver les éléments de preuve. Si aucune reconnaissance de responsabilité d’une assurance n’est encore présentée, le dépôt de plainte peut s’avérer décisif. Nous recommandons donc toujours de porter plainte et de la retirer par la suite le cas échéant.

Que souhaitez-vous pour l’avenir de la HelpLine?

Que personne n’hésite à demander de l’aide. Pour nous, il n’y a pas d’accident bénin. Il est important que les personnes touchées consacrent du temps à leur guérison et à leur intériorisation. Nous prenons volontiers de notre temps pour soutenir ces processus. Nous sommes là pour répondre aux questions et aux besoins, et parfois le fait de parler des événements apporte déjà du soutien. Car cela aide de libérer la parole. Et cela fait également partie de notre mission.