Vous vous intéressez activement à la mobilité électrique depuis plus de quatre ans déjà. Qu’est-ce qui a évolué durant cette période somme toute assez courte?
Il y a eu divers changements massifs. D’une part bien-sûr en matière d’autonomie pour les véhicules de catégories tarifaires inférieures et moyennes. Un énorme bon en avant a été réalisé dans ce domaine précis. D’autre part en matière de diversité des fournisseurs de possibilités de recharge, mais aussi quant au nombre de points de recharge. Mais surtout, l’offre de véhicules s’est largement étendue: il y a quatre ans, il y avait moins d’une douzaine de véhicules électriques sur le marché. Aujourd’hui, nous disposons d’une large gamme de véhicules électriques différents.
Selon vous, quelles sont les avancées majeures?
Le progrès technologique est peut-être à mon sens le point le plus intéressant. Mais pour la population dans son ensemble, je considère que le progrès majeur réside dans la diversité des modèles. Jusqu’à la moitié de 2020, les familles ayant besoin d’espace avaient beaucoup de difficultés à trouver un modèle abordable et adapté à leurs besoins. La situation a changé du tout au tout. On a à présent le choix parmi une multitude de modèles, répondant aux profils d’exigence les plus divers. De la petite voiture jusqu’à la voiture de sport, en passant par la voiture familiale pratique, un choix de modèles différents est proposé par de nombreux fournisseurs. Je pense que, outre l’engagement de nombreux constructeurs de miser pleinement sur la mobilité électrique, c’est cette avancée majeure en matière de choix qui a démocratisé la mobilité électrique.
Dans quels domaines y a-t-il le plus grand besoin d’action?
Le plus grand besoin d’action réside dans la planification d’itinéraire et les systèmes de paiement. Mais en matière de planification d’itinéraire justement, les constructeurs apportent des solutions de plus en plus sophistiquées. De plus, il existe des applications et sites web libres d’accès: cela va dans le bon sens. Concernant les systèmes de paiement et la composition des prix, la situation est un peu plus complexe. Ces deux points portent souvent à confusion chez les débutants. Je suis un fervent défenseur du paiement sans barrière, à savoir de préférence avec des terminaux NFC ou par carte de crédit afin que l’électricité puisse être achetée à un prix au kWh fixe. En Allemagne, la législation évolue en ce moment concernant la recharge à des bornes publiques. Je pense qu’un bon consensus est requis à l’échelle européenne, et chez nous en Suisse également. La situation des propriétaires par étages ou des locataires requiert également un peu de temps et beaucoup de travail de persuasion, ainsi qu’un cadre législatif. Pour les personnes intéressées par la voiture électrique, il existe encore quelques obstacles pour bénéficier d’une solution de recharge.
Vous roulez vous-même en voiture électrique. Quelles expériences en avez-vous?
De par mon travail de testeur de voitures électriques de plus de quatre ans, j’ai déjà conduit de nombreux modèles et j’ai aujourd’hui un véritable trésor d’expériences dans ce domaine. Pour notre famille, il était important de nous déplacer sous une forme plus durable qu’en brûlant des carburants fossiles. Le fait de se déplacer très silencieusement et confortablement à bord d’une voiture électrique, convient à une jeune famille. Nous n’effectuons pas de longs voyages de 1500 km et lorsque nous avons un trajet assez long, nous réalisons des pauses régulières. La voiture électrique convient donc parfaitement. Comme nous produisons notre propre électricité au moyen de notre installation photovoltaïque domestique, cela nous convient très bien d’un point de vue écologique et économique.
Les sceptiques évoquent toujours l’autonomie et la situation de recharge comme étant des problèmes majeurs. Que pensez-vous de ces objections?
En particulier pour nous les Suisses, l’autonomie n’est plus un sujet. Même pour les voyages prolongés à l’étranger, nous avons aujourd’hui sur le marché un très grand nombre de véhicules qui offrent une autonomie de plus de 400 km. On peut donc aisément effectuer des trajets de 300 km puis de faire une pause recharge. Nous parlons ici d’une pause de recharge de 30 minutes pour un temps de trajet de deux à trois heures. Cet arrêt permet de se reposer et mais il s’avère également souvent utile pour se restaurer ou faire une pause pipi. Les puissances de recharge accrues combinées à une autonomie supérieure obtenue par des batteries plus grandes permettent aujourd’hui de voyager sereinement. Si l’on parle d’un trajet de 1000 km, il est donc question d’un temps de trajet de dix heures et d’un temps de recharge d’une heure et demie au maximum. Cela me semble acceptable.
Où en serons-nous dans quatre ans?
J’ose affirmer que dans quatre ans, une voiture immatriculée sur deux sera entièrement électrique en Suisse. Je suis convaincu que la technologie s’imposera pleinement dans le domaine des voitures de tourisme et qu’elle créera de nombreuses possibilités sur le marché de l’électricité, afin que l’énergie puisse être stockée correctement. Je suis également persuadé que la situation de la recharge évoluera massivement dans les prochaines années, en particulier chez les employeurs et les loueurs. Il existe dans ce domaine un grand potentiel pour l’ensemble des parties.
Qu’est-ce qui vous fascine le plus dans la mobilité électrique?
C’est d’une part la possibilité de coupler des secteurs: une installation photovoltaïque domestique me permet de recharger directement ma voiture électrique. D’autre part, je trouve bien sûr la technique que cela renferme fascinante. En tant qu’ingénieur électricien, on est automatiquement intéressé. Les véhicules électriques offrent avant tout dès le départ d’excellentes valeurs d’accélération grâce à leur couple élevé. Nous avons donc d’un côté le facteur plaisir et la réaction immédiate de la voiture électrique aux mouvements de la pédale d’accélérateur. D’un autre côté, nous avons la possibilité de conduire ces véhicules d’une manière extrêmement économe. La voiture électrique nous fait réellement prendre conscience du fait qu’il est possible de rouler à moindres coûts.
Repasseriez-vous à un véhicule avec moteur à combustion?
Non, jamais. Au contraire, j’essaye même d’électrifier tout mon entourage. Celui qui roule une fois dans une voiture électrique ne fera plus marche arrière. Je recommande à tous d’effectuer une course d’essai, de préférence dans la vie quotidienne, afin de constater les avantages par soi-même. Pour moi, rouler en voiture électrique n’apporte que des avantages: la possibilité de produire moi-même l’énergie nécessaire pour me déplacer, ne pas produire d’émissions, la sensation de conduite que cela procure, et bien plus encore.